mercredi 8 septembre 2010

Quotations 4.


L'aptitude à s'isoler est importante dans la construction d'une réflexion saine. Une fois cette réflexion construite, on peut aisément passer l'épreuve de la diffusion et de la contestation qui en découle afin de s'ajuster au plus près de la réalité sociologique. (K. BOUACHICHE).

Le minaret, en soi, n'est pas dérangeant pour les politiques révisionnistes suisses, il est au contraire une perche pour à nouveau envisager de faire appliquer des valeurs prudes. (K. BOUACHICHE).

On dispose d'une faculté de tomber dans le crétinisme dès lors que nos idées rationnelles sont soumises au système de la peur. Inversement, lorsque nous sommes davantage dans le domaine de la raison, nous avons une tendance naturelle à nous rattacher au moindre fait que l'on juge réel. Ceci nous reconduit ainsi au domaine du raisonnable et par conséquent au domaine du supportable. (K. BOUACHICHE).

Il faut reconnaître que les défauts des établissements de l’enseignement supérieur se condensent principalement en ceci qu’ils sont saturés de théories, lesquelles finissent par ne plus comprendre le rapport qui les unit à leurs domaines d’application. (K. DEVEUREUX).

Je soutiens que le pouvoir gagne à enfanter de la bêtise. Le processus est d’autant plus convaincant que la plupart des femmes enfantent déjà de la bêtise dans la façon qu’elles ont de s’imaginer que neuf mois de gestation équivalent à neuf mois de discours prospectifs à propos de ce que devra être l’enfant. On comprendra dès lors qu’une fausse couche, voire un nourrisson morphologiquement inadéquat à toutes ces représentations poussives et non conformes au principe de réalité robuste, peuvent détruire neuf mois de bonheur préfabriqué et être causes de frustrations létales. (K. DEVEUREUX).

Les peuples d’abrutis ne se posent pas les bonnes questions, donc il faut que le pouvoir propose des questions de substitution, et ces nouvelles questions sont établies en fonction des revendications populaires que l’on entend dans les rues. (K. DEVEUREUX).

Les militaires du plan Vigipirate ont tout à fait le droit de répondre par la peur en provoquant la terreur dans le métro d’une façon très simple, c'est-à-dire en devenant eux-mêmes des agents du terrorisme organisé. (K. DEVEUREUX).

Les femmes sont toujours prêtes à quitter le discours féministe si un homme leur promet un carrosse rempli d’enfants avec un cocher passif sur le siège conducteur. (K. DEVEUREUX).

Les femmes se doivent de reprendre en main la non-pertinence de leurs engagements sociaux : moins de cosmétologie et davantage de logique est une première prescription que je fais. (K. DEVEUREUX).

L’engouement populaire pour ces vies labourées en Haïti depuis des années par le tracteur du profit avec le regard inquisiteur de la compassion me donne le cancer des émotions. Est-ce que je remets en cause le bien fondé de ces grossistes politiciens qui n’y voient qu’une stratégie géopolitique ? Oui. (K. BOUACHICHE).

Les organes de presse restent des déchets toxiques dont le recyclage est devenu impossible. (K. BOUACHICHE).

La tragédie haïtienne n’est que la vitrine d’un « baby shop » où le Blanc bien intégré avec une morale à deux sous cherche à adopter un petit Noir pour être raccord avec sa sacoche en cuir. Le fondement de cette déviation est la conception même de l’économie. (K. BOUACHICHE).

Ce séisme en Haïti est un véritable renouveau, une chance à la population locale de se réinventer un système plus juste. Mais nous n’en arriverons pas là parce que les ONG font du business avec la souffrance afin que les pauvres petits Blancs se sentent utiles dans leurs vies si pathétiques et si misérables. Il est facile d’envoyer un message surtaxé pour libérer la conscience de son ignorance. (K. BOUACHICHE).

Durant les camps de la mort, les nazis ont eu cette idée magnifique de recycler les corps des Juifs qu’ils tuaient à la chaîne. L’idée merveilleuse de faire du papier avec de la peau, et du savon avec de la graisse, est prodigieuse d’avant-garde. Ces hommes ont eu le courage d’aller au fond des choses en proposant une véritable pensée inconsciente, c’est-à-dire cette pensée que l’être humain « inférieur » devait servir à la production active de l’homme Blanc. Certains prendront ces propos au premier degré mais je n'en ai que faire. Ne soyons pas dupes : il est obligatoire, dans l'ordre établi des Occidentaux, que les hommes à la couleur de peau sombre doivent mourir par dizaines pour maintenir le train de vie d’un seul homme Blanc. C’est une logique de marché et nous n’y pouvons rien. Ainsi le séisme en Haïti n’est qu’un remède à la crise monétaire mondiale. (K. BOUACHICHE).

Une vision plus proche de notre environnement direct représente la garantie durable d'une réflexion saine et d'un développement social équitable. Je disais hier qu'une tectonique des comportements humains existait, j'affirme aujourd'hui qu'un compostage des vies misérables est nécessaire dans la logique de marché capitaliste. (K. BOUACHICHE).

Placer un séisme au sommet de la hiérarchie des maladies nationales est une stratégie d’épargne. Comme la paupérisation par les circuits économiques est régulière en comparaison des tremblements de terre, on surexploite l’occasion en éclipsant les véritables erreurs morales – on fabrique littéralement plusieurs éclipses médiatiques, étirant le phénomène à son potentiel maximum, c'est-à-dire par la publicité des concerts de charité où l’homme blanc vient davantage pour écouter de la musique que pour se soucier en plein du problème; en outre on attire du monde, me semble-t-il, par des procédés d’attraction plutôt que par des procédés de répulsion, ce qui ne fait que confirmer l’hypocrisie de ces manifestations. (K. DEVEUREUX).

Le Web agrège des communautés d’opinions qui ne tolèrent pas la présence d’opinions contradictoires – le forum recense les éloges d’une star du cinéma et bannit ceux qui s’inscrivent pour remettre en question l’objet d’une pareille adulation; Facebook fragmente le dialogue en présentant des milliers de groupes qui s’invectivent les uns les autres dans l’optique d’une acquisition de reconnaissance virtuelle faute de pouvoir disposer des moyens et de la force nécessaires à la possibilité d’une action réelle; Wikipédia se vante de mettre la connaissance à portée de tous et l’on cache les insuffisances de ce média en nourrissant l’argument simpliste de la culture qui doit être accessible au plus grand nombre. (K. DEVEUREUX).

Les nazis contemporains n’ont pas de cible, ils veulent tout. (K. DEVEUREUX).

J’appelle nazisme auto-normatif une imprégnation de la conscience qui finit par appliquer au monde des volontés non discutées, à savoir des volontés qui exigent des exceptions de la nature pour elles seules. (K. DEVEUREUX).

La liberté, concept si élastique, ne veut rien dire si c’est pour en faire un usage de bohémien. Tout aspirant au voyage ferait donc mieux de savoir voyager en sa rue avant de prétendre conquérir des territoires dont il n’a qu’une idée théorique. (K. DEVEUREUX).

Internet se traduit finalement comme la nouvelle lutte des classes. Un combat pour le pouvoir, seule forme omnipotente de reconnaissance et de revalorisation de soi. Nous avons donc une véritable déperdition dans l’approche constructive du soi. (K. BOUACHICHE).

Aujourd’hui nous existons par l’exposition de nos actes séculiers les plus basiques. (K. BOUACHICHE).

Facebook est un tatouage de nos vies que nous ne pouvons enlever, une aliénation à notre passé comme ces vieux bikers américains qui arborent sur leur avant bras des jeunes filles en bikini, devenues toutes fripées avec l’usure des années. En conséquence de quoi le contrôle de nos évolutions est ainsi engagé. Nous ne pourrons plus nous excuser de nos erreurs passées, nous aurons à jamais une empreinte indélébile de nos vies. Peut-on avoir une idée de la force destructrice de ne pas pouvoir oublier ses actes regrettés ? (K. BOUACHICHE).

Il faut croire qu’une technologie comme internet a décimé le monument de l’homme. (K. DEVEUREUX).

L’adolescent un peu laid s’invente un bikini pour évacuer le petit lait qui se caille. (K. DEVEUREUX).

Internet soulage toutes les volontés pendant que l’intellect subit la jachère. (K. DEVEUREUX).

L’intelligence est pouvoir d’objectivité; constamment menacée par les bassesses du vouloir, l’intelligence s’épuise et finit par se confondre en un cerveau de chien errant. Où l’action n’a plus de valeur dans l’agir car le sujet est déconnecté du monde objectif, ce même sujet, tel le chien qui se promène en poursuivant l’odeur des poubelles, marque des territoires. (K. DEVEUREUX).

À la morale de l’action succède la morale de l’attraction de soi : internet permet à chacun de se prendre pour une entreprise qui a pouvoir de décider qui elle embauche et qui elle licencie. L’attraction de soi n’est que plus effective si un statut Facebook vient faire office de redondance. (K. DEVEUREUX).

Pourquoi ne puis-je parler à un étudiant ? Parce que je sais qu’il ne sait pas, alors je voudrais qu’il le sache et qu’il ne vienne pas me déranger. L’étudiant, en sachant son ignorance, réussira à réanimer son intelligence sous sédatifs. (K. DEVEUREUX).

J’aimerais qu’une hémorragie de neurones emplisse les phallus pour que les saillies soient épistémologiques. J’aimerais que la crasse nullité des femmes se guérisse par des sodomies informatives. Mais cela n’est pas vraiment envisageable. Les femmes s’habillent en vagins disponibles, semblables les unes aux autres, exigeant de certains chefs qu’ils leur fassent signer un contrat longue durée. Mais puis-je vraiment choisir dans le semblable ? On me demande donc de préférer une prostituée à une autre, ce que je ne saurais faire. (K. DEVEUREUX).

Il y a un décalage maladif entre la profusion des actions virtuelles et la rareté des actions effectives. Le seul moyen d’exister dans le dehors, c’est de mourir. Je préconise donc le suicide des avatars. (K. DEVEUREUX).

L’anorexique, dont le corps est moins visible que sa copine éventuellement boulimique, doit encore plus que les autres chercher le spectaculaire de sa fin. Un petit corps, ainsi, doit réfléchir davantage : déjà qu’il est relativement invisible aux yeux de la société hypocrite, il est nécessaire que sa petitesse adopte un moyen de reconnaissance ostensible. Si donc des anorexiques venaient à lire ce message, je leur conseille d’aller se noyer dans les fontaines catholiques où l’on jette des pièces à destination de son intercesseur chérubinique. Non seulement elles feront hommage à Notre-Dame des Douleurs, mais en plus elles gonfleront sous l’effet de la noyade, ce qui leur donnera la consistance qu’elles n’avaient point dans l’existence en même temps que cela épouvantera les âmes. (K. DEVEUREUX).

L’Afrique du Nord est plongée dans une attente coloniale, ainsi elle est plus encline à accepter certains changements de la mondialisation. Alors que l’Europe, ayant déjà atteint une dissolution économique provoquant la perte de repères de ses concitoyens, ceux-là ne trouvent qu’un réconfort dans la pratique d’une religion intégriste. (K. BOUACHICHE).

Pour que l’espace public soit viable à travers un « nous » concret, il est nécessaire que l’État soit libéral au sens plein du terme. (K. DEVEUREUX).

Tout individu doit manifester un moment clé de son existence : la rupture familiale, la défamiliarisation. Cette défamiliarisation peut prendre la forme d’un accouchement douloureux où l’on cherche à recréer de façon plus solide les coutumes familières auxquelles nous avons été habitués. Par conséquent ces coutumes peuvent se révéler plus profondes, plus dangereuses, et finalement plus intégristes. (K. BOUACHICHE).

La curiosité se perd dans les méandres tue-mouches que représente la télévision. (K. BOUACHICHE).

La population d’Amérique du Nord, confrontée à un envahissement publicitaire quasi permanent, s’endort elle-même dans une sorte d’euthanasie collective consentie. (K. DEVEUREUX).

Le cerveau est pervers en ce sens qu’il introjecte des quantités d’images sans que nous puissions deviner son degré de tolérance. De ce point de vue, je dirais qu’une boulimie-anorexie cérébrale remédierait au problème. Autrement dit nous devons apprendre à notre cerveau à se faire vomir, ce qui correspond ni plus ni moins à se faire violence, à refuser l’idéalisme outrecuidant de la publicité, à ne plus croire que la maison familiale est pacifique quand on signe certains contrats de confiance. (K. DEVEUREUX).

Le petit Kévin ne se pose même plus la question de savoir ce qu’est en réalité le Coca-Cola; le Cola, il en consomme comme s’il s’agissait de légumes. Nous assistons donc à la naturalisation de produits artificiels consommables qui deviennent des sortes de concepts immuables. (K. BOUACHICHE).

La télévision est organisée en obédiences religieuses très codifiées, en conséquence de quoi passer de l’une à l’autre chaîne peut entraîner des conséquences aussi graves que l’abandon de son culte. (K. DEVEUREUX).

La télévision se définit comme le meilleur moyen de contraception. Je me demande pourquoi Benoît XVI n’y a pas pensé plus tôt. J’irais même plus loin : la télévision et tout ce qu’elle comporte rend stérile tout individu qui s’y perd. Maintenant l’écran de télé ou d’ordinateur est devenu le seul moyen de communication viable entre individus, provoquant ainsi la perversité poussive d’être visible et invisible simultanément. Nous ne pouvons nous affirmer ni nous accomplir dans un monde virtuel. Néanmoins le monde réel tend à disparaître par l’élargissement des moyens technologiques de communication. (K. BOUACHICHE).

Il ne faut pas s’étonner que la culture française se sclérose lorsque celle-ci est menée par des élites douteuses dont l’incapacité à sortir de son rang est plus que grandissante. Il est aisé chez ces gens de colporter quelques préjugés que leur milieu ressasse sans arrêt. (K. BOUACHICHE).

Intégrer une école telle que l’ENS est déjà en soi un aveu de stérilité littéraire. S’il existe une France de l’assistanat, elle se trouve bien ici. (K. BOUACHICHE).

Il est évidemment délétère de croire qu’une littérature est en gestation dans des milieux où l’ensemencement est réalisé in vitro. Il résulte de ces schématisations une psychologie de l’oie, et il est malheureux de penser que les oies d’aujourd’hui sauveront Paris comme celles d’hier ont sauvé Rome. (K. DEVEUREUX).

Plus un pays compte un passé riche, plus il est difficile de s’en arracher et de prolonger de façon novatrice sa pensée. Lorsque nous sommes trop vieux, notre vision se raccourcit et nous ne sommes plus capables de reconnaître dans des zones qui ne nous sont pas familières des êtres à la destinée prometteuse. Il est rassurant, donc, pour un pays comme la France, de compter sur ce rouage immuable qu’est l’Éducation Nationale. (K. BOUACHICHE).

Il serait sociologiquement et philosophiquement intéressant de voir des hordes ensauvagées pénétrer dans les lieux communs du savoir afin de le bousculer. Le savoir universitaire manque cruellement de mouvement en ce sens qu’il se repose. Appelons alors au viol des Universités ne serait-ce que parce que l’Université est de moins en moins excitante. (K. DEVEUREUX).

Les Grandes Écoles ont ce défaut de se cloisonner sur elles-mêmes, et les Universités ont ce défaut de croire que les Grandes Écoles leur sont supérieures, et donc les Universités ont une tendance à se cloisonner dans cette intuition de l’excellence qui se protège de toute intégration surprise. (K. DEVEUREUX).

Jeff Koons veut, à travers son œuvre, rendre l’art accessible à tous. Mais cela ne galvaude-t-il pas l’essence même de l’art ? À savoir que transcrire le quotidien avec recul tout en étant enchaîné à ce quotidien serait cette essence. Je m’oppose fermement à la thèse de monsieur Jeff K. et j’affirme que la pratique plastique doit s’inscrire non pas dans une simplicité de l’œuvre mais dans un côté ludique de l’œuvre. (K. BOUACHICHE).

Je défends l’art contemporain vis-à-vis de son affranchissement du figuratif d’une part, et d’autre part vis-à-vis de sa faculté à exprimer du dialogue là où l’on ne paraît voir en premier lieu que le monologue d’un artiste égocentrique. L’art contemporain, à mon humble avis, collabore avec le public en ce sens qu’il ne revendique aucun réquisit, aucune trajectoire idéologique, et certainement aucune manière de bien voir ce qu’il faudrait effectivement y voir. (K. DEVEUREUX).

L’art, comme la philosophie, ne peut pas être pris à la légère. Un minimum d’investissement est requis. (K. BOUACHICHE).

L’aspect pragmatique de l’art annonce une réhabilitation de la prosopopée non plus comme figure de style mais comme exercice ludique. (K. DEVEUREUX).

L’état des toilettes des musées, propres et dépourvues de tout graffiti et d’expression corporelle, justifie que le système institutionnel en place a définitivement gagné sur l’expression des artistes, et de surcroît sur celle du public. (K. BOUACHICHE).
Les rencontres sexuelles ne sont plus un moment de partage, d’échange, de plaisir mutuel, elles sont plutôt un karaoké de films pornographiques. On change sans cesse de position sans même comprendre ce qu’on fait. Il s’agit là d’une prestation artistique de patinage sexuel, avec ses figures imposées, sa suite de petits pas et ses notes à la fin du parcours. (K. BOUACHICHE).

Il n’est pas à exclure que dans un futur proche nous ayons à recourir à des lieux de restauration sexuelle. (K. BOUACHICHE).

On ne fait plus l’amour, on se masturbe à deux dans une incompréhension réciproque. (K. BOUACHICHE).

En agrandissant les espaces sensiblement destinés à inventer de l’occasion sexuelle, on diminue à la fois la compréhension du concept sexuel ainsi que le temps de faire proprement du sexe. C'est-à-dire que nous agissons en fonction d’une essence sexuelle qui assassine l’existence de l’acte en tant que geste qui se construit sans référence. (K. DEVEUREUX).

Il n’y a pas d’amants faibles, il n’y a que des femmes machines. (K. DEVEUREUX).

Plus un féminisme est fort, plus l’homosexualité est latente. (K. BOUACHICHE).

J’entends par l’homme machine un individu qui augmente son étendue matérielle en divisant continuellement sa substance cognitive. (K. DEVEUREUX).

Récupérer de l’éthique religieuse dans le sexe, je ne vois que cela pour rattraper le sexe de son nouveau testament consommateur, tout comme je ne vois que cela pour archiver la religion à travers une réévaluation d’ordre corporel. (K. DEVEUREUX).

La résurrection culturelle passe à mon avis par une évidente traversée des nécropoles. (K. DEVEUREUX).