dimanche 20 mars 2011

Au théâtre ce soir.


Mon cher ami,

Les trois coups sont donnés. Le rideau va se lever. Facebook, Twitter et les blogs en tout genre sont en coulisses. Maquillés et fardés, les politiques s’échauffent la voix. Chut ! Le spectacle électoral va commencer.

Mesdames, Messieurs, existe-t-il une politique sans représentation ?


Cette question dispose d'un double sens, ou plutôt d'un sens désormais diffus. Un homme politique au sens large du terme est un élu qui représente les convictions et les idées de ses électeurs. Ce mécanisme de la démocratie restait jusqu'à présent la garantie du bon fonctionnement d'une nation. A l'heure d'aujourd'hui, il se trouve grippé par l'évolution d'une double machinerie en parallèle de celle que nous connaissons tous, à savoir le système électoral. Quel est donc ce concept qui rend cet appareil caduc ? Ne serait-ce point là le concept du représentant commercial ? Autrement dit, le concept de l'offre et la demande.


Dès lors que l'on consomme des idées préconçues du matin au soir, il est donc bien logique de concevoir notre président ou présidente comme le garant de notre confort de consommation. Mais plus qu'un garant, plus qu'un service après vente, on considère nos politiques comme un marchand de meuble qui favorisera et rendra pérenne notre bulle inconsciente de non-culture, à savoir notre ameublement mental soldé. Il est fort navrant de constater que le système de carte de fidélité mis en place par nos politiques a pour unique but d'asservir notre désir de consommer du pouvoir électoral, tout comme on évalue quotidiennement le niveau de notre pouvoir d'achat.

Aujourd’hui la politique n’a plus aucun sens, ou du moins elle a perdu définitivement les valeurs qu’elle croyait détenir. La moralité et l’engagement sont-ils encore valables ? Le courage de ses idées est une notion que nos chefs de gouvernements ne paraissent plus posséder. Ils se laissent attendrir dès l’instant où un fait divers larmoyant émeut le pays tout entier. Et hop ! On change de direction, puis l’on suit le courant impulsé par le banc de sardines que compose l’opinion publique. Du moins c'est ce que l'on cherche à nous faire croire. L'organe marketing que sont les think tank veille aux grains.


J’ambitionne vraiment de rendre hommage à Messieurs Mouammar K et Laurent G. Leurs actions sont condamnables, j’en conviens, mais leurs attitudes féroces qui consiste à s’accrocher à leurs semblants de restes de pouvoir se formule ici comme un véritable acte de courage politique. Cet acte de bravoure n'étant valable que dans le contexte politique actuel, ou devrais-je dire dans le contexte économique du moment. Ils n'ont jamais caché leurs intentions, si méprisables soient-elles, et en cela il est appréciable de voir que ces hommes n'ont jamais porté de masque électoral. Attention, mon propos n’est pas d’affirmer qu’une politique de la dictature est une bonne chose pour une nation ; j’évoque simplement le glissement qui s’est opéré entre la politique et le théâtre.


Prenons le président des Français pour exemple. Comparez simplement sa politique en début et en fin de mandat. Je n’ai jamais vu une girouette qui tourne aussi vite. On peut compter le nombre de tours via les remaniements ministériels et autres réformes inconséquentes en tout genre. Inconséquentes, ces réformes, dans le second degré du terme. Et dans le même temps, j’admire toutefois son courage, pour le coup véritablement politique, de maintenir en poste, et même de soutenir de façon indéfectible, certains de ses sbires ayant commis quelques dérapages. Toutefois, qu’il n’en vienne pas à se demander pourquoi la Marseillaise est sans cesse conspuée par des sifflements lors des événements nationaux importants.


La politique revendique ainsi un rôle de représentation de l’Etat, tout en laissant de côté l’intégrité de l’image relative à la représentation. Je dirais qu’à l’heure actuelle on est davantage chef d’Etat sur Facebook ou Twitter qu’à l’Elysée ou à la Maison Blanche. De nos jours, la démagogie est le seul axe honnête d'une politique. Marine L.P. a compris la tendance : sa bravoure ne réside pas dans le fait de proposer une soupe de lieux communs pour amasser des soutiens potentiels, mais dans la rigueur intemporelle de ses opinions. Je l'identifie de la même façon que cette phrase : « Aucun système ne pourra donner au peuple tout le raffinement souhaitable et pourtant vous me connaissez, je ne suis pas réactionnaire », tirée du film Le Charme Discret de la Bourgeoisie, de Luis Bunuel, au moment même où le personnage de Simone demande de pardonner à Maurice le chauffeur son manque d'éducation dû à sa condition. J'apporte ainsi toute ma considération à toute ligne politique qui, dans un contexte social mouvant, sait rester sur une ligne droite d'intégrité. L'intégrité ici se définit non au sens de la morale, mais au sens de la constance.


Ainsi, je soutiens parfaitement le parti d'extrême droite français pour sa conduite intègre quand il considère le peuple comme étant incapable de sortir de son marasme constellé de miasmes d'inculture, tout comme j’apporte mon commitment à la phrase brillante de Luis B. Il existe donc bien une frivolité politique introduite par un ensemble de personnages plus burlesques les uns que les autres. La Comedia dell'Arte de notre ami Silvio B., la tragédie grecque de notre ami Jintao H., le vaudeville de notre cousin Nicolas S., toutes ces figures ré-esthétisées vont maintenant tirer leurs révérences afin que le rideau puisse enfin se baisser sur la politique-théâtre-réalité de Marine L.P.

Politiquement vôtre

K.B