vendredi 10 avril 2009

Super héros bis et slip molletonné.


Mon cher collègue,

Bien des interrogations ont fait halte dans mon esprit durant ces longues journées d'absence épistolaire. Je regrette de n'avoir pu me dégager de mes responsabilités citoyennes et universitaires mais la conjoncture actuelle, terme si cher à nos politiques, m'y a contraint. Je vais donc faire une corrélation avec la fonction sociale d'un président de la République et l'économie disparate de notre monde.
Vous n'êtes pas sans savoir que des élections se jouent en Algérie et que le scrutin risque d'être sans surprise. Ce qui me passionne, par delà les montagnes et les mers, c'est l'engouement social pour une politique à l'enjeu si prévisible. En ces temps de récession économique, où nous tentons de rétablir, et je dirais même de guérir, un système corrompu et archaïque, la population mondiale se réjouit, telle une épidémie euphorique, d'une élection commune dont le vrai sens démocratique a perdu depuis bien longtemps toute son essence. Pourquoi un tel relent de joie et de fierté patriotique ?
Un chef de l'Etat se définit donc comme une sorte de super héros pantomime de systèmes ancestraux ancrés dans une surenchère du profit véritable. La fonction première d'un président de la République n'est pas, à mon sens, la représentativité de ses valeurs. Or nous savons combien il est important pour un « superman » de porter un slip ou des moufles. L'économie s'est émancipée de la politique d’un chef d'Etat. Elle est autonome et souveraine : pourquoi essayer de l'attirer vers soi comme on tente de récupérer un ballon tombé dans un lac sans vouloir se mouiller ? Il faut qu'on m'explique. Cette machine à dollars et autres monnaies peu signifiantes broie des générations d'êtres humains, les poussant vers une précarité débordante et vers un misérabilisme social qui engendre un immense déchaînement de violence. Peut-on être aussi stupide au point d'ignorer ce fait ? Je laisse aux partis sectaires les critiques vilipendeuses de ces nantis, préférant me questionner sur le rôle sociologique d'un tel système.
Nous savons pertinemment que la politique d'un bien partagé amène dictature et rejet de l'intelligence particulière. Mais celle du profit, comme loi humaine, ne conduit-elle pas à une autodestruction assurée ? Autodestruction menée tambour battant par une inégalité sociale creusée par la soif du gain et de la propriété. « Travaillez plus pour gagner plus », ne serait-ce pas un vice de la sur-consommation ? Pourquoi gagner plus si ce n'est pour dépenser plus en bazar inutile ? On s'inscrit alors dans une contre-productivité des plus effroyables, et je n’énonce même pas les dégâts écologiques terribles. Ne pourrions-nous pas recréer à partir de nos erreurs une sociéte, certes utopique mais néanmoins sensée, où chaque personne utiliserait ses ressources de non-revenus étant donné que ces revenus sont acquis dès le départ pour la subsistance des besoins originels et vitaux ? Je ne reprends pas les termes d'un partage des richesses, stupide et fascisant, non, je parle d'une nécessité urgente d'employer les compétences de chacun au service d'une rétribution organique, non monétisée, assujettie et proportionnelle aux fondements des besoins vitaux de l'être vivant. Il est complexe d'endosser le rôle d'un leader et décideur d'un pays et on ne peut blâmer un homme qui tente d'appliquer sa volonté politique puisque nous l'avons choisi. Néanmoins mon esprit contestataire s'engage dès lors que cette volonté met en péril le sens même du mot « peuple ». Aujourd'hui, on divise les communautés, on les oppose, on les braque en niant jusque leur existence, provoquant ainsi un sentiment extrême d'injustice. Ce sentiment même d'injustice pousse les masses informes et moutonnières de la populace dans leurs derniers retranchements, engendrant de la sorte une destruction massive. Comme à mon habitude, je pouffe de rire et contemple ce monde d'un air triste et désabusé que même ma colère n'arrive plus à atténuer.

Bien à vous,

Khalid Bouachiche

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