dimanche 1 mars 2009

Erratum de raison : un mot de l'ENS, rue d'Ulm.


Le personnel du département de philosophie de l’ENS rue d’Ulm ainsi que l’ensemble de l’Ecole tiennent à rectifier leur implication dans les propos du professeur Konstantinos Deveureux. Nous dénigrons toute responsabilité vis-à-vis des jugements que M. Deveureux a portés sur la communauté beauceronne, jugements qui ont tout particulièrement attristé les habitants de Montigny-le-Gannelon avec lesquels nous entretenons des rapports cordiaux. Nous collaborons avec cette région depuis maintenant de nombreuses années et nos échanges ont révélé des qualités que M. Deveureux s’est plu à disqualifier. Par ailleurs la teneur de ces propos, dont certains dépassent le seuil tolérable de l’injure, a de loin franchi les grandes largesses de la liberté d’expression. Ainsi, que nos amis beaucerons veuillent bien croire en nos salutations distinguées et en la franchise de nos sentiments les meilleurs.

Droit de réponse du professeur Konstantinos Deveureux :

J’ai bien de la peine à choisir entre les deux parties de cette alternative superficielle : dois-je reconnaître mes erreurs apparemment discutables et me confondre en excuses mielleuses ou dois-je me ranger du côté de l’Ecole en déclarant publiquement que je n’étais pas maître de mon esprit au moment où j’aurais donc rédigé un lapsus calami prolongé ? Car, voyez-vous, ce que je trouve rédhibitoire dans cette affaire, c’est que l’Ecole vienne nous asséner une leçon de morale en trois lignes de politesse maladroite alors que personne à l’ENS n’est un tant soit peu au courant de ce qui séjourne de réalité dans les campagnes beauceronnes. Ils ont signé des accords de principe en faisant semblant de faire croire à tout le monde que la philosophie va rencontrer le peuple. Là-bas, dans cette vague illusion, personne ne rencontre personne, et les professeurs détachés deux heures ne doivent pas essayer de nous faire opiner en leur sens lorsqu’ils affirment pompeusement, au détour d’un journal universitaire pédant, qu’ils ont passé un grand moment de philosophie auprès d’un auditoire qui ignore même qu’une étude comme la philosophie existe en ce bas monde. Je serai moins tranchant quand je verrai que de véritables institutions ont pénétré la terre paysanne, institutions prêtes à transmettre un savoir et non à se congratuler de ces démarches associatives qui ne valent rien sinon l’occasion toujours jouissive de se rappeler qu’en ne faisant rien de substantiel on peut encore faire semblant d’avoir fait.
Certes je confesse que mon écrit n’était pas sympathique envers les personnes incriminées dans ce qui serait le sommet de l’insulte selon les populations assermentées au bon sens, toutefois ces gens si doctes auraient dû se poser la question de savoir si ma tonalité n’était pas quelque peu théâtrale à la seule fin de remuer les consciences. Et qu’on arrête de faire de la fausse complaisance en déclarant que le savoir est une affaire d’égalité. Connaissant parfaitement les rouages de l’Ecole, je puis vous affirmer que l’égalité des chances est éminemment dépendante du degré de chance qu’un individu possède au départ. De même qu’il serait de bon ton d’arrêter de voir en chacun un potentiel d’intelligence harmonieuse. Des imbéciles heureux existent, et ils le resteront éternellement. Donc je demande à l’opinion, puisque nous en sommes réduits à faire des opinions des semences de vérité, de choisir entre les simulacres détestables de l’Ecole et les critiques que je formule après avoir observé l’état de certaines choses. Décidément la France ne brille pas par son discernement en ce moment, et je ne suis pas prêt de rendre un service à l’ENS car bien que celle-ci m’ait discrédité dans cette petite notice ridicule, cela ne l’empêchera de me rappeler dès la semaine prochaine pour savoir si je suis ouvert à l’animation d’un séminaire en vue de préparer des agrégatifs qui ressemblent à des moutons malades. Qu’ils aient donc au moins l’honnêteté d’être francs envers eux-mêmes, cela leur épargnera de perdre du temps à rédiger des mots d’excuse en retranchant la vérité de leurs intentions profondes, soit le fait qu’ils ont besoin de ma présence même si j’ai l’air d’avoir péché et que, en fin de compte, les paysans beaucerons peuvent bien rester chez eux car nous n’en voudrions pas entre les murs de ce prestigieux établissement.

Avec attention,
K. Deveureux, professeur des Universités.

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