mercredi 3 décembre 2008

Moi, mon chat et meetic.


Cher Konstantinos,

Qu'il est plaisant de partager avec vous ces bribes de réflexions philosophico-sociologiques. Je prends toujours autant de plaisir à vous lire, vous êtes sans doute le plus grand penseur de ce 21e siècle. Certes il ne fait que débuter mais vous êtes plus prometteur que le moindre de nos penseurs mondiaux ; il est temps que votre talent transperce le cuir épais de la non-culture. Je dois dire que cet éviction philosophique de l'inceste m'étonne, il est vrai que vous abordez de manière différente cette auto-masturbation de l'intelligence chez les égoïstes et les égocentristes, notamment chez mademoiselle P. Revenir sur son cas ne serait que lui accorder trop de crédit et nous n'en avons plus.
Pourquoi la relation incestueuse est-elle si difficile à admettre ? Je vous accorde ne pas l'accepter moi-même ; néanmoins pour avoir pu, lors de mes nombreuses pérégrinations, côtoyer des personnes condamnées pour moeurs, une réelle obsession s'est installée dans ma tête. Mais, nous nous devons, dans notre relation épistolaire, de chercher plus loin et de former un « travail réel » comme le disait si bien notre ami. Je poursuivrai donc avec un autre sujet. Mais lequel ? Il me faut donc recentrer ma recherche sociologique et thérapeutique sur ce « grand corps utopique », à savoir le COUPLE comme vous l'avez signifié dans une précédente lettre. J'ai vécu il y a peu une situation qualifiée de périlleuse par l'intelligentsia populiste qui ne se cantonne plus à la Russie et la Pologne. Cela est arrivé avec la personne avec laquelle je « sortais », puisque finalement il ne s'agit que de cela, sortir, comme on sort un animal de compagnie sans qui notre survie, de conscience, ne peut avoir lieu. Pourquoi est-il si périlleux de se définir seul dans un univers ? Pourquoi le besoin de se reproduire est-il inéluctablement nécessaire et de surcroît réducteur ? Pour en revenir à mon anecdote, sans prétention aucune, nous avions passé, la personne et moi, un contrat, une sorte de paradigme de la fidélité sexuelle. Il est par ailleurs amusant et rafraîchissant de le comparer au dogme du mariage, cet accord qui, par ordre d'importance, financier, moral et administratif, n'a aucune valeur à mes yeux. Une symbiose sexuelle nous paraissait évidente. Je suis égocentré, et je le revendique, dans le sens où mon plaisir passe avant la contrainte morale sociétaire. Chaque partenaire sexuel est une ode au plaisir, un univers à découvrir et à parcourir sans limites. Ce que j'aime dans les ébats disons « amoureux » au sens pratique du terme, c'est la découverte, la recherche du plaisir de son partenaire : telle partie est sensible, telle autre ne l'est pas, bref j'aime me conduire en géographe de l'amour cherchant à cartographier le plaisir de son amant. Il va sans dire que je ne peux me contenter d'un seul univers. Ma curiosité est telle que je dois entrer dans un mode frénétique de consommation. Après tout j'essaie de vivre avec mon temps. Je vous avoue tout de même qu'avec la vieillesse les territoires sont de plus en plus minces. Ils se raréfient au fil des années. Mais revenons au sujet, cette petite historiette, avec le recul, me semble intéressante. J'ai noté que notre époque tente fougueusement, comme les danaïdes l'auraient fait avec leur tonneau, de codifier les plaisirs du sexe. Au fond, une femme ne peut être que vaginale ou clitoridienne, sans compter que la plupart du temps elles ne sont plus rien, engendrant frustration et castration. On assiste à une classification sans hiérarchie de la sexualité avec des cases précises et dissociées. Et au terminus du tramway nommé désir de ce cher Tennessee, on aboutit sur une sexualité fichée telle qu'on la retrouve sur ces sites de rencontre.
Pour finir, mon cher collègue, je suis donc un homosexuel sur le déclin, avec une propension terrible à la masturbation, plutôt passif, excluant dans sa recherche les femmes, les enfants, les transsexuels, les travesties et les animaux. Nous ne sommes plus très loin de ce fichier EDVIGE tant décrié.

Spécifiquement vôtre, pour reprendre une de vos expressions.

K.B

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